L’attitude d’un athlète, comme inspiration !

(Un texte de Michel Landry)

Dans bien des domaines, le monde du sport nous inspire de bien des façons. Au-delà des performances, on oublie que les athlètes de haut niveau sont de petites et grandes entreprises en soi et que leurs actions ont un impact certain sur leur destinée et leur réputation, des éléments bien similaires à ceux de toutes entreprises.

L Tech Solution publie une série de billets qui font le pont entre les considérations sportives et organisationnelles. Prenons quelques instants et inspirons-nous de ces athlètes et cela, bien au-delà de leurs performances et de leurs statuts.

1/3 – Aucun regret…

À Krasnaïa Poliana en Russie, où ont lieu les épreuves de ski acrobatique des Jeux Olympique de Sotchi 2014, Alexandre Bilodeau s’apprête à s’élancer pour sa dernière descente à vie, pour l’or, pour sa carrière, pour sa réputation, pour ses commanditaires, et pour tout … perdre!

Le chemin parcouru depuis Vancouver 2010 où il est devenu le premier Canadien à gagner une médaille d’or lors de Jeux Olympiques tenus en sol canadien, n’a pas été de tout repos. Le cours de sa vie a changé à ce moment, la pression médiatique, les commanditaires, il est devenu le chouchou de tous et sourires comme courbettes se suivent à un rythme effréné.

Cette situation affecte ses performances, il gagne moins. Il prend donc une décision, ô combien audacieuse, soit de se retirer du circuit compétitif l’année précédant les Jeux où il doit défendre son titre, dans le but de se recentrer, de parfaire sa technique et de reprendre le focus.  Il s’éloigne ainsi des réflecteurs. Pendant ce temps, son dauphin Michael Kingsbury ramasse tout, mais tout, et prend toute la place médiatique! Les gens parlent …

À 14 heures le 10 février 2014, au sommet de la pente Rosa Khutor, avant de s’élancer pour les 20 secondes qui allaient changer le reste de son existence, Alexandre se dit une dernière chose :  Fu.. it, no regrets … go!!  (entrevue avec Radio-Canada le soir même)

C’est beaucoup plus que de simples mots pour se motiver, c’est une attitude !

Au terme de sa meilleure descente à vie selon ses dires, il gagne l’or !

Alexandre Bilodeau n’a rien d’impressionnant, aucune arrogance, un physique commun, un baby face, mais pour agir de la sorte dans un moment pareil, c’est un ‘tank’, un ‘monstre’, évitez de vous trouver sur sa route lorsqu’il décide de passer!

2/3 – L’humilité pour tout risquer!

Tout a été dit sur Michael Jordan. En 1994, il est au sommet de son art dans le sport le plus populaire aux États-Unis, le basket-ball. Une compilation de 1990-2010 selon Forbes, le classe au premier rang parmi les athlètes les mieux payés au monde, toutes catégories confondues. Pas le haut de la liste, mais bien ‘le’ 1er rang. Il est une icône planétaire.

Le 7 février 1994, Air Jordan ébranle le monde du sport en annonçant sa retraite du basket-ball,  pour se consacrer désormais au baseball, en signant un contrat avec l’organisation des White Sox de Chicago dans leur… club école. Il troque ainsi son jet privé pour l’autobus!

Après de modestes débuts (…), il devient la cible des pseudo-experts en quête d’attention. Les critiques négatives fusent, on rigole de ses performances dans les journaux télévisés, ceux-là même qui le vénéraient. Sport Illustrated, y va d’une humiliante couverture : Bag it, Michael (remballe Michael). Pourtant, ces derniers lui avaient consacré la couverture à 50 reprises, plus qu’à tout autre, 13 fois de plus que son plus proche rival, l’unique Mohamed Ali.

Pendant ce temps, Michael Jordan fait ce qu’il a toujours fait, il s’entraîne!

Michael Jordan : « Si j’échoue au baseball, cela fera-t-il de moi un moins bon joueur de basket? Rien de ce qui se passe sur les terrains de baseball ne pourra ternir ce que j’ai fait sur les courts de basket-ball. Même si on me retire un million de fois au bâton, cela n’altèrera jamais ma moyenne de 32 points par match au basket. »

Les résultats sportifs importent peu, ce n’est pas le propos. Prendre une telle décision (à l’âge de 30 ans) à un moment où il n’a plus rien à prouver, que la notoriété apporte un confort inestimable, témoigne non seulement d’une grande humilité, mais surtout d’une rage indéfectible d’accomplir une volonté.

3/3 – Au diable les conventions!

Il n’était pas fait pour courir le 100 m. Non seulement, il n’avait pas les attributs pour courir vite, encore moins était-il prédestiné à devenir le meilleur sprinter de tous les temps. Nous parlons bien sûr d’Usain Bolt.

Pour nous spectateurs, tout semble naturel pour cet athlète hors du commun, on se dit qu’il a tout pour lui, c’est le meilleur, c’est tout. C’est simple. Pourtant rien n’est plus faux.

Il faut savoir qu’Usain Bolt, avec ses mensurations de 1,96 m (6’ 5”), 94 kg (207 lbs), transgresse tous les indicateurs morphologiques établis par la science pour cette discipline. Les experts avaient établi le meilleur gabarit autour de 1,80 m et 80 kg, tel l’ancien champion Maurice Green, 1,76 m (5’ 9”), 75 kg (165 lbs) et bien d’autres l’ayant précédé.

Il s’agit là d’un écart d’environ 16 cm et 16 kg (6 po, 30 lbs), c’est l’Everest comme écart dans un contexte de haute performance. Le destin a voulu qu’il puisse exceller dans un sport chronométré, Usain Bolt gagne ses courses depuis ses jeunes débuts, obligeant le monde à accepter l’évidence, à part un détail, il est toujours le plus grand des coureurs, le plus lourd et le plus rapide, ceci alors que les indicateurs ne pointent (pointaient) pas dans cette direction. Les théories sont ébranlées.

L’entraineur de renommée mondiale Tom Tellez avait commencé à regarder en ce sens dans son ouvrage (Block Start Fundamentals in Sprinting). Il y décline les phases d’un 100 m et démontre que le départ ne compte que pour 5 % du résultat, mais que les phases d’accélération et de maintien comptent pour 78 % des résultats. En fait, on savait que ces deux phases étaient importantes, mais on ne croyait pas que les grands coureurs pouvaient y performer !

Tom Tellez : L’artiste Usain Bolt est venu remettre les théories en question, car il possède des qualités d’athlètes généralement de plus petite taille et plus musclés que lui. Le résultat est une performance sans précédent. 

Usain Bolt n’est pas seulement le meilleur de tous les temps; il a également redéfini les paramètres de son sport!

Ce ne sont que quelques exemples. Certains diront qu’il peut être facile de choisir les meilleurs afin d’exposer quelques théories, d’autres trouveront toujours le moyen de croire que pour ces gens, tout leur est dû et facile, qu’ils sont fortunés et donc… !

Une autre façon de voir les choses serait d’oublier deux instants le statut de ces athlètes et de se concentrer sur les risques qu’ils ont pris et les gestes qu’ils ont posés, sans garantie aucune, face au résultat final.

Alors : Et vous, qu’est-ce qui vous anime?

Michel Landry

L.Tech Solution